Tableaux attribués à Theodoor Rombouts
| Les deux grands tableaux qui se trouvent dans l'escalier d'accès au Musée, intitulés Allégorie des cinq sens et Le jeu du tric-trac représentent deux scènes de taverne. Ce thème pictural relativement commun dans la Rome post-caravagesque de la première moitié du XVIIe siècle, où prévalait la recherche d'une représentation naturaliste de l'individu et de la réalité, se situe à mi chemin entre le portrait et la scène de genre, entre la reproduction précise et charnelle d'une physionomie et la figuration d'une allégorie. Les personnages, soldats, courtisanes, amants, musiciens et joueurs, sont représentés dans un format monumental. Ils sont soigneusement vêtus, et l'attitude dans laquelle ils sont campés évoque un mouvement et une gestualité théâtrale marqués. Leur regard est tourné vers l'extérieur de la scène et ils regardent leurs spectateurs dans les yeux, « hors cadre », avec un naturel irrévérencieux. L'Allégorie des cinq sens montre cinq personnages installés autour d'une table: sur la gauche le jeune homme richement vêtu qui joue de l'archiluth symbolise l'Ouïe, il a sous les yeux une partition de musique, un cor et une flûte à bec. À sa gauche la jeune femme qui regarde son reflet dans un miroir évoque la Vue. Le vieil homme barbu qui se réchauffe à un petit brasero posé sur la table représente le Toucher. La jeune fille avec un bouquet de fleurs dans les bras et qui porte une rose à son nez fait allusion à l'Odorat. Enfin, le jeune homme ivre à la tête ceinte de sarments de vigne et de grappes de raisin, et qui lève une coupe pleine de vin, renvoie au Goût.Le tableau qui lui fait pendant s'intitule Le jeu du trictrac (dit aussi table royale, l'actuel backgammon). Il présente lui aussi une scène de taverne animée de personnages qui se consacrent au jeu et à la musique et qui se déplacent comme des acteurs de théâtre. Un soldat, une courtisane, un musicien qui tient en main un luth baroque à 11 chœurs, une hôtesse et deux buveurs. Leurs regards se croisent avec une complicité manifeste, et la mobilité de leurs mains semble occuper tout l'espace de la toile.Les deux tableaux correspondent à la manière de Theodoor Rombouts, peintre flamand originaire d'Anvers et actif à Rome entre 1616 et 1625, où il entra en contact avec la peinture caravagesque.Ces deux toiles furent acquises en 1972 pour le Musée national des Instruments de musique afin d'être accrochées dans la salle baroque où sont exposés des instruments semblables à ceux que l'on voit dans les deux tableaux, ainsi qu'une série complète de pions de trictrac.
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